Sur la gauche de la boutique
de Paul et Fernande ►rue du Moulin,
se trouve une boulangerie, une cour sépare les deux boutiques.
Le 20 Septembre 1907 naît chez le docteur Capitrel, ma grand-mère Geneviève,
fille de Paul et Fernande. Un petit garçon, Maurice,
naîtra le 13 Mars 1913.
En face de la boutique, un café.
Geneviève se rappellera que le cafetier fait entrer
ses chevaux par la porte cochère pour ranger ses fûts. Le café est
tenu par Monsieur Coudray, les patrons sont Mr et Mme Moulin, Désiré Emile
et la Louise !
Sur la droite, au début de
►la
place
en allant vers la "cathédrale", se trouve la pharmacie Lecoeur qui a été reprise
par Monsieur Gavin, lequel a épousé la fille de Monsieur Lecoeur.
Des
spectacles se donnent à la salle des
fêtes et Charles Lecocq vient y chanter
La fille de Madame Angot. Quel beau
souvenir !
Geneviève va à l'école
des filles
dont Madame Guiton est la directrice. Monsieur Guiton dirige l'école des garçons ... Elle
pense que tous deux sont très sévères.
Fernande est une femme
raffinée, en avance sur son temps. Elle ne supporte pas que sa petite
fille ressemble aux autres, alors elle achète les robes et refait un
volant, un bout de ruban ailleurs et hop, le samedi soir Geneviève a droit aux bigoudis pour avoir des anglaises à la messe du dimanche ... elle
hait le samedi et surtout la nuit !
En plus de son métier de
photographe, Paul Bunel est chef des
sports à Vimoutiers. Monsieur Corbeil est le chef de musique. Monsieur et Madame Corbeil
ont un petit garçon Robert,
quelques années plus âgé que Geneviève. Ils sont de très grands amis
et le resteront toute leur vie.
Mais Paul part à la guerre le 02 Août 1914 en gare d'Argentan,
Geneviève a 7 ans et Maurice un an. Fernande
doit s'occuper de la boutique comme elle
le
peut. Madame Corvenne enseigne le violon à Geneviève qui n'aime pas beaucoup cela.
Quelques permissions permettent à
Geneviève de retrouver son père, ils font de grandes ballades
ensemble. Pour la dernière permission, Fernande, ses enfants et un cousin
prennent le train pour Tremblay les Gonesse. Ce jour-là, Paul leur dit :
"celle-ci sera la dernière". Geneviève ne saura jamais si à cet
instant, Paul pense : "la
dernière permission et je rentrerai", ou bien "la dernière permission et
je ne vous reverrai plus". Cette petite phrase restera dans sa mémoire
sans réponse. Mais la guerre dont la fin est proche lui donne un triste sens.
Le
20 Octobre 1918, Paul Bunel, 36 ans,
caporal au 32ème Régiment Territorial
d'Infanterie, 3ème bataillon, 12ème
compagnie, tombe pour la France au
champ d'honneur ... fini le bonheur.
Fernande n'a d'autre choix que vendre la boutique et
c'est ainsi qu'elle
quitte Vimoutiers avec ses deux enfants
en 1921.
... (►
quelques
correspondances
: en bas de page)